Les paroles de mécréance sont très nombreuses

Dans chacune des quatre écoles, des savants ont composé des ouvrages pour indiquer les choses qui font sortir de l’Islam, parce qu’à leur époque étaient apparues dans la population des paroles de mécréance. Ils ont alors voulu sauver les gens du danger de ces paroles et ont donc composé ces écrits. Cela compte parmi les meilleures des œuvres car ainsi ceux à qui il est arrivé de prononcer une de ces paroles peuvent se corriger en prononçant les deux témoignages pour revenir de la mécréance à l’Islam. Il y a aussi en cela une mise en garde pour celui à qui ce n’est pas arrivé afin qu’il ne tombe pas dans la mécréance.

Les paroles de mécréance sont très répandues

De nombreux spécialistes de la jurisprudence (fiqh), qu’ils soient chafi^ite ou malikite ou autres, ont mentionné de nombreux exemples d’apostasie ; ceux qui en ont énuméré le plus sont les hanafites. Le spécialiste du fiqhanafite Badrou r-Rachid (8ème siècle de l’Hégire) a composé un ouvrage intitulé “Riçalatoun fi ‘alfadhi l-koufr” (traité concernant les paroles de mécréance). Le juge malikite Al-Qadi ^Iyad, mort au 6ème siècle de l’Hégire, en a lui aussi énuméré beaucoup. Il convient donc d’en prendre connaissance car celui qui ne connaît pas le mal risque d’autant plus d’y tomber.  
De nos jours, beaucoup de gens se laissent aller à dire de mauvaises paroles qui font sortir de l’Islam. Ils ne les considèrent pas blasphématoires. Pourtant, ce qui se produit là, est parfaitement conforme à la parole du Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam :
إِنَّ العَبْدَ لَيَتَكَلَّمُ بِالكَلِمَةِ لا يَرىَ بِهَا بَأْساً يَهْوِي بِهَا فِي النَّارِ سَبْعِينَ خَرِيفاً 
(‘inna l-^abda layatakallamou bi l-kalimati la yara biha ba’san yahwi biha fi n-nari sab^ina kharifa)
ce qui signifie: « Certes, il arrive que quelqu’un dise une parole dans laquelle il ne voit pas de mal, mais à cause de laquelle il chutera en enfer pendant 70 automnes. » C’est-à-dire qu’il atteint le fond de l’enfer réservé aux mécréants.

Quelques exceptions à la mécréance par la parole

Il existe certaines situations bien précises dans lesquelles la personne qui a dit une parole de mécréance ne sort pas de l’Islam.

Le cas du lapsus

Lorsque la personne dit une de ces paroles en dehors de sa volonté : la parole est passée sur sa langue et la personne n’avait absolument pas voulu la dire.

La perte de la raison

La perte de raison est l’absence de lucidité d’esprit ; il s’agit du fou ou de l’handicapé mental.

Rapporter la mécréance d’autrui

Celui qui rapporte la mécréance d’autrui ne devient pas mécréant s’il le fait sans s’en satisfaire et sans l’apprécier. La preuve pour l’exception du discours rapporté existe dans le Coran[1] (Qour’an). En effet, Dieu dit dans le Livre honoré :
وَإِذَا قِيلَ لَهُمْ أَنفِقُوا مِمَّا رَزَقَكُمُ اللهُ قَالَ الَّذِينَ كَفَرُوا لِلَّذِينَ ءَامَنُوا أَنُطْعِمُ مَن لَّوْ يَشَاء اللهُ أَطْعَمَهُ إِنْ أَنتُمْ إِلاَّ فِي ضَلالٍ مُّبِينٍ
(wa‘idha qila lahoum ‘anfiqou mimma razaqakoumou l-Laqala l-ladhina kafarou lilladhina ‘amanou ‘anout^imou man law yacha’ou l-Lahou ‘at^amahou ‘in ‘antoum ‘illa fi dalalin moubin)
ce qui signifie: « Et quand on leur dit : “Dépensez de ce dont Allah vous a pourvus”, ceux qui ont mécru disent à ceux qui ont cru : “Nourrirons-nous quelqu’un qu’Allah aurait nourri s’Il avait voulu? Vous n’êtes que dans un égarement évident”. » [Yacin /47]
Et Allah ta^ala dit également :
وَإِذَا تُتْلَى عَلَيْهِمْ ءايَاتُنَا بَيِّنَاتٍ قَالَ الَّذِينَ كَفَرُوا لِلْحَقِّ لَمَّا جَاءهُمْ هَذَا سِحْرٌ مُّبِينٌ
(wa‘idha toutla ^alayhim ‘ayatouna bayyinatin qala l-ladhina kafarou lilhaqqi lamma ja’ahoum : hadha sihroun moubin)
ce qui signifie: « Et quand on leur récite Nos versets bien clairs, ceux qui ont mécru disent à propos de la vérité, une fois venue à eux : “C’est de la magie manifeste”. » [al-Ahqaf / 7]
L’expression du discours rapporté qui prévient celui qui rapporte une parole de mécréance de sortir de l’Islam peut être placée :
  • soit au début de la parole de mécréance qu’il rapporte,
  • soit juste après avoir cité la parole, s’il avait l’intention de la citer avant de commencer à la rapporter.

L’exception de la menace de mort

Allah dit dans le Qour’an honoré :
من كفر بالله من بعد إيمانه إلا من أُكرِه وقلبُه مطمئنٌ بالإيمانِ ولكن مَن شرح بالكفر صدرًا فعليهم غضبٌ من الله
(man kafara bil-Lahi min ba^di ‘imanihi ‘illa man ‘oukriha waqalbouhou moutma’innoun bil-‘imani walakin man charaha bil-koufri sadran fa^alayhim ghadaboun mina l-Lah)
ce qui signifie: « Si quelqu’un commet une mécréance après avoir été croyant, sauf s’il est contraint sous la menace de mort et que son cœur est satisfait de la foi, il subira le châtiment de Allah, y compris s’il se satisfait de la mécréance [même en étant contraint sous la menace de mort]. » [An-Nahl / 106]
Ce verset (‘ayah) ne constitue pas une preuve en faveur de ceux qui prétendent que la rupture de l’Islam n’a lieu que si la personne a ouvert son cœur à la mécréance et s’en est satisfait. En effet, cette ‘ayah concerne celui qui est contraint sous menace de mort. Il ne quitte pas l’Islam s’il prononce la parole de mécréance sans que son cœur ne soit satisfait de la mécréance. Celui qui est contraint sous menace de mort ne devient mécréant que si son cœur est satisfait, de ce qu’il dit comme mécréance. Ceci est conforme à ce qui est parvenu du Messager de Allah lorsqu’il a dit au compagnon ^Ammar Ibnou Yacir qui avait prononcé la parole de mécréance exigée par ceux qui le menaçaient de mort :
هل كُنتَ شارحًا صدرَك حِينَ قلتَ ما قلتَ أم لا ؟ا
(hal kounta charihan sadraka hina qoulta ma qoulta ‘am la ?)
ce qui  signifie: « Est-ce que ton cœur était satisfait lorsque tu as dit ce que tu as dis ou non ? » Il a répondu : « Non. » Ceci est rapporté par l’Imam Ibnou l-Moundhir dans son livre Al–‘Ichraf.

A retenir :

L’apostasie par la parole est la plus fréquente.
Les savants ont mis en garde avec insistance contre les paroles de mécréance.
Il existe des exceptions à la mécréance par la parole telles que le lapsus ou le fait de rapporter les paroles d’autrui.

[1] On voit fréquemment ce mot écrit ainsi : Coran. Pour être plus proche de la prononciation dans la langue arabe, la Section de la Recherche et des Etudes Islamiques de l’APBIF a opté pour cette autre translittération : Qour’an. La lecture de ce mot en utilisant le tableau de translittération donne sa prononciation exacte.
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